Patrice LaGacé , La Presse
On a appris que dans une autre vie, le héros du vol 236 d’Air Transat avait fait de la prison aux États-Unis pour avoir transporté de la drogue aux commandes d’un petit avion, en 1995.
J’étais au Journal de Montréal à l’époque et j’avais brossé sur cette histoire pour enquêter sur l’arrestation et l’emprisonnement du jeune Robert Piché.
Le public avait détesté ces révélations sur le passé du héros du vol 236 d’Air Transat: il nous reprochait d’avoir voulu transformer le héros en zéro….Seize années ont passé et, en ce matin d’un automne qui a encore l’air de l’été, Robert Piché est assis devant moi pour une entrevue soulignant sa retraite forcée par ses 65 bougies.
Question : est-ce que ton passé de pilote de brousse qui t’a permis, contre toute attente, de poser l’A330 en planant jusqu’aux Açores….
Est-ce- que c’est le cas Robert ?
Non, rétorque-il du tac au tac. C’est la prison qui n’a permis de faire atterrir l’avion. C’est en prison que j’ai développé mon instinct de survie. Quand on a perdu tout le carburant, mon subconscient m’a dit : » La survie, je connais ça. Et la survie vient de la prison. En prison, j’ai appris à passer par-dessus ma peur….
Demain, il pilotera un Airbus pour la dernière fois, un court vol au profit de sa fondation Robert-Piché , qui épaule et finance des organismes œuvrant auprès des personnes aux prises avec des dépendances à l’alcool, à la drogue et au jeu. 0n peut quantifier le nombre d’hommes et de femmes que Robert Piché à sauver en posant son Airbus en 2001: 306 personnes.
Mais, on ne pourra jamais quantifier le nombres d’hommes et de femmes que Robert Piché a contribué et à sauver en révélant publiquement qu’il est « alcoolique «
En consommant, je cachais une hypersensibilité, me dit-il. La majorité des alcoolique et des toxicomanes, on a une boule dans l’estomac….
Cette, » boule » dont parle Robert Piché, elle se développe à partir de traumas différents selon les personnes. Mais on l’a tous Et on consomme pour la faire disparaître . Je ne suis pas différent de l’itinérant qui, lui a tout perdu à cause de sa dépendance.
Robert Piché, l’homme, a fait œuvre, utile en parlant publiquement de sa dépendance, une dépendance qui est semblable à celle de votre frère, de votre mère, de votre fils.
L’histoire de Robert Piché nous rappelle que nous les humains, nous sommes des êtres complexes, des êtres qui se résument souvent mal en un coup d’œil, on une premier impression… à une erreur de jugement, et à une mauvaise compréhension .
J’ai compris qu’à chaque jour qui passe, mon défit, est d’amener au moins une personne à voir le bon côté des choses.
Isidore